Le carnet de voyage d’Ivan, éloge du temps #3 : l'évolution de la voûte céleste et la splendeur des étoiles

Suivez l'aventure d'Ivan, franc-comtois embarqué sur un voilier pour une traversée d'un mois et demi entre la France et l'Uruguay, au beau milieu de l'océan atlantique. Impatience, découvertes, questionnements et joies... Il nous fait vivre son périple. Récit.

Ivan est un photographe bisontin âgé de 41 ans. Amoureux du voyage au long cours, il a embarqué sur un voilier pour traverser l'atlantique, de la France à l'Uruguay. Pendant un mois et demi, France 3 Franche-Comté suit ses aventures au beau milieu de cette immensité de plus de 100 millions de km2. Après être tombé sur une annonce sur internet, il décide de partir à l'aventure. Début octobre, il a pris sur un bateau pour vivre une aventure hors du temps, au fil des remous. Il nous raconte. 

► #3 : l'évolution de la voûte céleste et la splendeur des étoiles

"La nuit tombe. Nous voguons vers le sud-ouest depuis plusieurs heures maintenant. La côte Aquitaine a disparu derrière l'horizon. Julien, le skipper, nous explique ses habitudes pour les quarts de nuit : on ne sera que deux à se relayer, ce qui permettra au troisième de profiter d'un repos complet. Et l'on instaure un roulement : si je commence la nuit, le lendemain je la terminerai et le surlendemain je ne prendrai mon tour de garde qu'au matin. Je commence avec une nuit de sommeil entière, très bienvenue après le mal de mer du premier jour. Au réveil je me sens mieux, ce qui me fera croire un peu vite que cette histoire est derrière moi. 

Une ligne de pêche est rapidement installée, à la traîne à l'arrière du bateau. La chance est avec nous, on pêche deux thons, coup sur coup. J'en remonte un à bord et lui évite de souffrir trop longtemps en lui plantant un couteau dans le cerveau, comme me l'a montré Eric, l'ancien marin pêcheur. C'est d'ailleurs avec lui que j'ai acheté ce couteau avant le départ.
Eric :
- Tu as besoin de tes deux mains pour ouvrir ton couteau ? Tu ne peux pas aller en mer avec ça !

L'explication est simple : en cas de chute à l'eau, le pied ou la main pris dans un bout (un cordage) ou un filet, un couteau facilement accessible est le seul moyen de se libèrer rapidement. Le couteau de pêcheur est donc d'un seul tenant, en inox (pour ne pas rouiller avec l'eau de mer), plus tranchant qu'un rasoir et il tient dans un étui rigide que l'on fixe à la ceinture, de façon à pouvoir le saisir d'une main, si l'autre se trouvait entravée.

On a donc du thon frais au menu pour les prochains jours ! Cru, cuit, en salades, tartes ou filets, les possibilités sont multiples. Jusqu'à maintenant mon plat préféré reste le céviche préparé par Julien, le skipper. Il tente aussi une préparation qui devrait nous permettre de faire un improbable saucisson au thon d'ici quelques semaines.
Partis hier de La Rochelle, nous sommes maintenant en pleine mer. Que l'on se trouve à 30 miles des côtes ou à 500 miles, on ne voit pas la terre (un mile est une unité de mesure marine qui équivaut à un kilomètre huit cent cinquante deux). C'est donc très rapidement que notre seul horizon est l'océan, de tous côtés. Alors que nous sommes encore dans le golfe de Gascogne je me dis qu'ici ou au milieu de l'Atlantique, l'impression sera la même. Je ne me rendais pas encore compte que c'est la durée de l'expérience
et sa répétition, qui feront la différence, pas la vue.

De plus, des changements il y en a. Certains auxquels je n'avais pas pensé, comme la couleur de l'eau. Plus on descend vers le sud plus je la vois s'intensifier, et passer d'un gris bleu à un bleu profond qui tend maintenant, au large du Cap Vert, à s'éclaircir.
Et il y a ce changement que j'attendais avec impatience : l'évolution de la voûte céleste qui me permettrait de ressentir le déplacement vers le sud.

Avant de parler de la splendeur des étoiles, parlons déjà du soleil. Plus l'on descend vers le sud, plus sa course est haute dans le ciel. Au Cap Vert elle est déjà très haute et lorsque l'on dépassera l'équateur, elle passera au zénith. Puis en continuant notre route dans l'hémisphère sud, sa course redescendra dans le ciel, mais au nord cette fois. En faisant attention à cela, sans carte ni GPS, on peut savoir approximativement à quelle lattitude on se trouve sur la terre.

De nuit, ce sont les étoiles qui nous parlent. Imaginez la terre comme votre main fermée devant vous. Et maintenant imaginez un petit personnage placé tout en haut. La vue qu'il aurait sur l'univers (la pièce où vous vous trouvez) serait totalement différente de celle qu'il aurait s'il se trouvait en dessous. En voyant le plafond, ou plutôt les murs ou le sol, il saurait où il se trouve sur la main. Il en va de même avec les étoiles, comme le plafond qui disparaît petit à petit en allant vers le bas, certaines constellations de la voûte céleste disparaissent et d'autres apparaissent.
D'où je suis maintenant, je ne vois plus la grande ourse, mais d'autres constellations, invisibles depuis des latitudes plus au nord, se découvrent. Je sais ainsi si je suis sur le haut ou le bas de votre main, ou peut-être sur la terre..."
 
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